Quelle place au brevet pour l’ingénieur de 2030 ?

Les professionnels des brevets,  ceux qui maitrisent un savoir spécifique acquis par des études supérieures, revendiquent un capital social et moral élevé, le progrès technique ne témoignerait-il pas en effet du progrès de l’humanité ?  

Illustration : Nastco

Mais cet entre-soi est largement combattu. Parmi les récentes critiques, le logiciel libre, le bien commun, sans oublier la levée des brevets sur les vaccins au moment de la Covid-19. 

Rien d’inquiétant, diriez-vous, puisque cet entre-soi est toujours l’objet de mobilisations, sauf que cette fois la critique vient des écoles d’ingénieurs en particulier « Portrait de l’ingénieur 2030 », l’étude menée par Sociovision pour l’Institut Mines-Télécom.

L’enjeu, en quelques mots repris de l’introduction :

« L’Institut Mines-Télécom forme des ingénieurs de haut niveau au sein d’un ensemble diversifié d’écoles couvrant un large spectre de spécialités.

L’Institut, héritier d’une longue tradition française, est confronté aujourd’hui à des changements lourds dans son environnement qui questionnent autant son projet pédagogique que sa compétitivité. Ces changements résultent de l’accélération du progrès technologique d’une part, et de la globalisation de mutations économiques et sociétales d’autre part.

Conscient des défis à venir, l’Institut s’est interrogé sur les compétences transverses que l’ensemble de ses écoles devraient s’attacher à livrer dans les années qui viennent, afin d’assurer à ses ingénieurs, non seulement un bon départ professionnel, mais également une capacité pérenne d’adaptation au monde de demain. »

Ce que cette étude dit du brevet pour l’ingénieur de 2030,

  • « L’Ingénieur entrepreneur n’est plus l’homme de laboratoire qui a fait la découverte magique et déposé un brevet, mais celui qui est capable de transférer à son client tout le pouvoir que peut donner l’avance technologique, celui qui a « l’empathie » client ».
  • « Les flux de communication s’inversent, en passant du vertical à l’horizontal : le « peerto- peer » remplace la transmission d’autorité ou d’expérience, et rentre directement dans la chaîne de valeur en « open source ». Dans un monde en réseau, la barrière à l’entrée n’est plus le brevet, mais le référencement dans les noeuds du réseau ».
  • « En effet, dans la culture du nouveau siècle, l’avance technologique, ce n’est plus du pouvoir juridique (propriété industrielle), lequel est de plus en plus contesté, mais du pouvoir sur le temps. La lenteur tue. Ce changement de paradigme s’applique également aux start-ups. Au tournant des années 2000, les Start-ups cherchaient des « incubateurs » et des conseils pour protéger leurs brevets. Aujourd’hui, elles cherchent des « accélérateurs » et des accès rapides au marché. »
  • « Le 21ème siècle accélère et ne semble pas pouvoir s’affranchir de la dictature du court terme, celle dictée par les marchés financiers, mais également celle imposée par les acteurs technologiques du monde digital où le rythme d’innovation est tel que la dépose du brevet est parfois abandonnée pour ne pas retarder la mise sur le marché ou la réponse à l’appel d’offres. » »
  • « L’Agile accélère bien avant d’optimiser, rend son écosystème incontournable via l’open-source plutôt que de peaufiner ses brevets, et mise davantage sur l’hybridation des cultures et des principes que sur le culte des spécialités. »

Cette étude est en ligne là-bas